Premier rendez-vous avec l'assistante sociale
- Morgan
- 31 janv. 2021
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 août 2021
Après la première journée d'informations de début novembre, j'ai pris le temps de compléter le dossier de confirmation de ma demande d'agrément (et d'attendre pendant 1 mois mon acte intégral de naissance pour au final ne recevoir qu'un extrait... Heureusement il me restait 1 exemplaire intégral datant d'un peu plus de 6 mois, que les services de l'enfance ont accepté). Ce dossier comporte essentiellement un questionnaire sur vous, votre entourage, vos ressources et charges, et bien entendu toute une partie sur l'enfant que vous envisagez d'adopter (son âge, son genre, son origine, ce que vous acceptez comme handicap ou pathologie, ce que vous refusez, la façon dont vous pensez l'élever, comment vous pensez lui parler de ses origines, etc.). Ce questionnaire est à accompagner d'une liste de pièces justificatives et d'un courrier confirmant votre volonté d'entreprendre les démarches pour l'agrément. Pensez à envoyer le tout en recommandé avec accusé réception. Cela vous permettra de savoir quand votre dossier a été reçu et éventuellement de relancer l'aide sociale à l'enfance s'ils ne répondent pas. Pour moi ça a été assez rapide, quelques jours à peine après la réception de mon dossier, j'ai reçu le courrier de la DGAS accusant réception de ma demande et me demandant de prendre rendez-vous avec la travailleuse sociale et la psychologue. Attention, vous avez un délais maximal pour téléphoner, au delà, votre demande sera automatiquement classée sans suite. C'est normal, cela évite que les dossiers fantômes ne s'accumulent... J'ai téléphoné début janvier et ai pu avoir mon rendez-vous avec la travailleuse sociale fin janvier ! Le rendez-vous avec la psy est fixé à fin février.
Ce premier rendez-vous s'est déroulé à mon domicile et était axé sur moi (c'est très égocentrique dit comme ça 😂). La travailleuse sociale s'est présentée, a fait un compliment sur le logement et la situation de la résidence qu'elle n'imaginait pas aussi belle (elle s'attendait à un grand complexe d'immeubles), puis m'a expliqué succinctement le déroulement de l'entretien. Elle n'était pas froide et a même blagué, ça m'a mis à l'aise assez rapidement. Ensuite elle a souhaité visiter le logement en me demandant la superficie, le nombre de chambres, etc. Elle n'est même pas rentrée dans les différentes pièce (excepté le séjour puisque l'entretien s'est déroulé là), c'était bien la peine que je récure toute la maison du sol au plafond 😅. J'avais lu plusieurs témoignages sur des AS "qui fouinent" et regardent le moindre détail quitte à ouvrir les placards... Finalement rien de tout ça ici. L'important étant que votre logement soit sain, que vous ayez une chambre pour l'enfant, même si celle-ci n'est pas encore décorée ou n'a pas encore la fonction de chambre (par exemple la future chambre de l'enfant est encore un bureau/chambre d'amis chez moi). Si la personnes à qui vous avez affaire est tatillonne, n'hésitez pas à argumentez, à montrer que votre logement est modulable et que vous ferez le nécessaire pour que l'enfant ait son espace à lui. Si votre logement ne comporte pas de chambre ou n'est pas adapté à l'accueil d'un enfant, il vous faudra bien argumenter que vous allez déménager pour que l'enfant à venir ait son espace à lui, ou éventuellement réfléchir à reporter votre agrément jusqu'à pouvoir déménager. Après cette visite éclair, nous avons parlé de moi, de mon enfance, de mes parents, de mon frère, de mon adolescence, de ma vie sentimentale, de ma vie professionnelle, bref une vraie biographie façon accélérée. Étant tout à fait au clair avec ma vie passée, nous ne nous sommes pas attardés sur ma transidentité. Ce sujet était plus en filigrane et me permettait de remettre dans le contexte certains passages de ma vie. La travailleuse sociale a eu l'air de bien le comprendre, elle ne m'a pas pris pour un extraterrestre et semblait compréhensive par rapport à ce que j'ai pu vivre. J'étais préparé à devoir argumenter et défendre mon cas face à quelqu'un de buté, heureusement ça n'a pas été nécessaire. Bien entendu la question de savoir comment j'allais parler de ma transition à mon enfant a été abordée. Je n'ai pas de réponse toute faite à cela et je ne pense pas qu'il y en ait d'ailleurs. Je lui ai simplement dit que j'en parlerai avec des mots simples, adaptés à l'âge de l'enfant, que je n'en ferai pas un sujet tabou et répondrai à toutes ses interrogations et craintes. Je lui ai aussi dit que de tous les témoignages de personnes trans ayant des enfants, ce qui ressortait le plus était que les enfants les plus jeunes le prenaient le mieux, pour autant qu'on leur explique simplement la situation, sans rien leur cacher. Les enfants n'ont pas toutes les barrières et les a priori que les adultes ont, ils acceptent mieux les choses. De ce fait, leur parler transidentité quand ils sont jeunes, de façon simple et sans cachoterie, fera que le sujet fera partie de leur normalité et ne les perturbera pas. C'est un non-sens que de dire qu'il faut à tout prix cacher ça aux enfants sous prétexte de leur jeune âge. Un enfant sent quand on lui cache quelque chose ; s'il le sent il va croire que c'est quelque chose de mal et c'est précisément cette situation qui fera (presque à coup sûr) que l'enfant prendra mal la transidentité d'un parent ou d'une personne en général. Bien sûr, parler transidentité à un enfant de façon honnête et sans tabou ne garanti pas qu'il le prendra bien tout de suite, mais lui en parler de façon calme, sans rien cacher et en répondant à ses questions et ses craintes va lui montrer qu'il n'y a rien à craindre justement et va le rassurer.

Revenons-en à nos moutons : Après avoir parlé de moi, nous avons succinctement abordé le sujet de l'enfant que j'imaginais adopter. Je lui ai (re)dis ("re" car c'était inscrit dans le questionnaire que j'ai rempli, mais qu'elle n'avait plus en tête totalement) ce que j'acceptais et surtout ce que je n'acceptais pas comme particularités, la tranche d'âge que je souhaitais, les pays étrangers que je visais (en plus de la France, car je souhaite avant tout un enfant français, même si je sais que cela n'arrivera probablement pas). Elle m'a demandé si j'avais déjà contacté des associations ou des OAA, je lui ai alors parlé d'EFA et du forum Adoption en Solo que je fréquente (je vais adhérer à EFA cette année), ce qu'elle a approuvé. Elle m'a également demandé si je connaissais les conditions de vie des enfants dans les pays que je visais, j'ai dû lui répondre que non, pas en détails. Elle m'a alors enjoint de bien me renseigner sur ces conditions car cela affecte grandement la façon dont un enfant perçois son adoption, ses réactions (étranges parfois) face à certaines situation et la façon dont il s'adapte à sa nouvelle vie (il est évident que je le ferai, je pense que je n'ai pas été assez clair ou démonstratif du fait que je me renseigne bien sur l'ensemble des aspects de l'adoption).
Nous avons terminé l'entretien là-dessus. Au final ça a duré bien moins longtemps que je l'imaginais. En une heure et demie c'était bouclé. Ça n'est ni bon ni mauvais signe et de toute façon nous nous reverrons pour un second entretien, au début duquel nous reparlerons du premier. Il me sera alors toujours possible d'ajouter ou de rectifier certaines choses. J'ai trouvé cet entretien bien moins éprouvant que ce qu'il m'avait été relaté, possiblement car je m'y étais préparé, que j'étais très stressé juste avant et qu'au final elle m'a plutôt mis à l'aise. Il est important de bien se préparer à ce genre d'entretien. Il ne s'agit pas là d'une simple formalité ; que ça soit clair : cet entretien est là pour vous juger et déterminer si vous êtes apte à adopter un enfant qui aura déjà une histoire (plus ou moins longue, plus ou moins difficile). Il est donc important de bien se préparer, d'être au clair avec sa vie (passée, présente et à venir) et d'être sincère. Je ne pense pas qu'il soit utile de cacher des aspects de votre vie. Si vous ne sentez pas la personne en face de vous, demandez à en changer.
Prochain rendez-vous avec elle début juin pour un passage en commission normalement vers septembre ce qui fera grosso modo 9 mois à partir de la confirmation de ma demande d'agrément (ils sont plutôt bien à jour dans l'Ain). En attendant cela, j'ai rendez-vous fin février avec la psychologue. Ce sera alors une nouvelle occasion de bien stresser 😅...
Mais en attendant, je savoure cette nouvelle étape de franchie !
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